Lorsque le vétérinaire m'a dit que mon chat avait un souffle cardiaque, cela m’a fait un choc. Du coup, je n’ai pas su quoi en penser... Mais qu’est-ce que cela signifie vraiment pour sa santé ?
Qu'est-ce qu'un souffle cardiaque pour le chat ?
Tout d'abord, sachez que le souffle cardiaque n’a en fait rien à voir avec des mouvements d’air ou la respiration de votre chat. En effet, il s’agit d’un bruit que l’on entend lors de l’auscultation cardiaque, qui se rapproche de celui d’une locomotive. Le vétérinaire lui donne une note de 1 à 6 (selon son intensité) et une localisation. À noter, ce bruit est la conséquence d’un flux turbulent du sang dans le cœur.
Figure 1 : illustration d’un flux laminaire (a) et d’un flux turbulent (b)
Maintenant que nous savons ce qu’est un souffle, voyons en les origines.
Est-ce grave docteur ?
Cela dépend de la cause du souffle cardiaque chez votre chat :
Causes cardiaques :
Myocardiopathie hypertrophique (CMH) : cœur trop musclé.
Shunt : persistance du canal artériel, communication interventriculaire ou interatriale. C'est-à-dire, la pésence d'un trou qui ne s’est pas refermé pendant la croissance du foetus.
Sténose artérielle : rétrécissement d’une artère (aorte ou pulmonaire).
Dysplasie valvulaire : mauvais développement des valves cardiaques.
Et bien d’autres…
Causes extra-cardiaques :
Causes physiologiques :
Chez le chat, comme souvent, ce n’est pas si facile ! Une large proportion des souffles sont innocents. Inversement, tous les chats avec une maladie cardiaque n’ont pas forcément de souffle (Figure 2).
Figure 2 : Prévalence des souffles cardiaques et Myocardiopathie hypertrophique associée chez 780 chats, classement selon l’âge des chats.
CMH = MyoCardiopathie Hypertrophique. (Payne JR, 2015)
Probabilité du souffle selon la règle des 6 S
Des auteurs Côté et al. ont établi des critères estimant la probabilité qu’un souffle soit bénin ou non. Pour cela, ils ont utilisé la règle des 6 S : Sensitive, Short, Single, Small, Soft, Systolic.
Souffle non pathologique probable | Souffle pathologique probable | |
Sensitive | Souffle absent ou diminué en intensité au repos mais présent pendant le stress ou l'exercice ; variable selon la position de l'animal ou le moment du cycle respiratoire. | Souffle présent à la fois au repos et à l'effort (stress ou exercice) |
Short | Souffle de courte durée, s'arrêtant à mi-systole | Souffle tout le long de la systole (holosystolique) |
Single | Aucune autre anomalie détectée à l'auscultation ou cliniquement | Présence d'autres anomalies cliniques et/ou à l'auscultation (arythmie, bruit de galop, pouls faible, cyanose, etc.) |
Small | Souffle localisé à une seule zone d'auscultation (base ou apex, à gauche ou à droite) | Auscultation du souffle au-delà du point d'intensité maximale |
Soft | Souffle de faible intensité (grade 1 à 2/6) | Souffle d'intensité ≥ 3/6 |
Systolic | Souffle systolique | Souffle systolique continu, avec une composante diastolique |
Caractéristiques auscultatoires orientant le clinicien dans son analyse d’un souffle cardiaque.
Adapté de Côté et al.
Bien entendu, toutes ces données restent des probabilités et sont à analyser en lien avec l’ensemble du tableau clinique de l’animal. C’est pourquoi, dans la majorité des cas de souffle persistant, des examens d’imagerie sont nécessaires.
Comment savoir avec certitude si le souffle est innocent ou non ?
À savoir, seul l’examen échocardiographique permet de faire la part des choses. En effet, les signes cliniques lors d’affection cardiaque (fatigue, essoufflement, difficultés respiratoires…) n’apparaissent qu’au stade d’insuffisance cardiaque. C’est-à-dire, lorsque la maladie est avancée et évolue déjà depuis un certain temps. Ainsi, l’absence de signe clinique ne permet pas d’exclure une maladie cardiaque.
Le but de l’examen échocardiographique est de repérer les anomalies cardiaques le plus précocement possible. Cela permet de retarder au maximum leur évolution en mettant en place un traitement médical adapté. C’est pourquoi plus on attend, plus on prend le risque que la maladie progresse.
Pourquoi mon chat a un problème cardiaque ?
Pour commencer, il faut savoir que les maladies cardiaques du chat ont des causes multiples. Il existe des origines primaires (congénitales ou acquises) et secondaires.
Dans un premier temps, les maladies congénitales représentent une anomalie dès la naissance de votre chat. Comme par exemple : une communication interventriculaire, une sténose, une dysplasie valvulaire, etc…
Ensuite, les maladies acquises signifient qu'elles se développent au cours de la vie de l’animal. Par exemple : la myocardiopathie hypertrophique.
Enfin, nous retrouvons les maladies cardiaques secondaires à d’autres atteintes. Celles-ci font référence à l'hypertension, l'hyperthyroïdie, l'acromégalie, l'alimentation avec des croquettes sans céréales, l'alimentation carencée en taurine...
Ainsi, selon les conclusions de l’examen échocardiographique, de l’examen clinique et du confort de vie du chat, d’autres examens complémentaires seront indiqués. Il peut s'agir d'une mesure de la pression artérielle, d'un électrocardiogramme, d'une prise de sang, etc.
Comment puis-je aider mon chat maintenant que je connais sa condition ?
Si une maladie est détectée, y a-t-il un traitement adapté ?
Oui, le traitement sera dirigé d’une part vers la cause (hypertension, hyperthyroïdie…) et d’autre part vers le soutien de la fonction cardiaque.
De plus, le traitement d'un souffle cardiaque chez votre chat inclut selon les cas la prise de médicaments. Notamment des anticoagulants ou inotropes, avec une adaptation de l’alimentation et de l’activité.
Comment savoir l’avancement de la maladie maintenant que le traitement est initié ?
Une fois le traitement mis en place, quelle est la suite ?
En cas de diagnostic avéré de maladie cardiaque, des contrôles réguliers seront nécessaires pour assurer un suivi optimal.
De ce fait, le pronostic dépend de la gravité de la maladie cardiaque et des comorbidités associées. Toutefois, votre vétérinaire pourra vous aiguiller, en fonction des données de la littérature scientifique et de son expérience personnelle.
Conclusion : que dois-je retenir ?
Un souffle cardiaque chez le chat peut sembler inquiétant, mais il est important de comprendre que de nombreux souffles sont innocents et donc bénins. La clé est une surveillance régulière par examen échocardiographique et ce dès les premiers signes.
En prenant soin de la santé cardiaque de votre chat et en suivant les recommandations de votre vétérinaire, vous pouvez améliorer son confort de vie et prolonger la longévité de votre compagnon.